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Moi et l'IAE (l'Insertion par l'Activité Economique)...

Genèse…

 

En mars 2002 je conceptualisais un « chantier d’insertion » et je le présentais face à la CDIAE du Bas-Rhin. Ce chantier d’insertion s’appelait Fort’ins, il était positionné sur un secteur en tension (le BTP) et avait la folle ambition de remettre tous les bénéficiaires qu’il « accueillerait » et qui iraient au terme de 12 mois de contrat à l’emploi sur le secteur marchand…

 

 Aussi surprenant que cela puisse paraître, la CDIAE du Bas-Rhin m’apporta sa confiance et son soutien et ce chantier vit le jour.  Et, 6 mois après le démarrage de son activité, 80% de l’effectif du chantier se vit absorbé par le secteur marchand. (Première équipe de 10 personnes, 8 sorties positives).

 

Au terme de cette première année 16 des 20 contrats aidés qui avaient été signés étaient en activité dans le BTP. Le chantier d’insertion étant validé pour 10 contrats aidés par an, les résultats obtenus allaient bien au-delà de toutes les projections les plus optimistes…

 

La méthode, le montage, l’approche, la pédagogie qui avaient conduit à ces résultats se virent alors confirmés et la CDIAE prit le parti de la faire monter en puissance… L’effectif de ce premier chantier fut doublé. Là encore, les résultats parlèrent d’eux-mêmes (75% de sorties positives). L’accroissement de l’effectif imposa une révision complète de la méthode, du parcours et de la pédagogie. Cette remise en question permanente allait devenir la force du dispositif.

 

Le chantier changeât de porteur et de nom. De Fort’ins il devient J’Offre mais la philosophie sur laquelle il avait été construit fut préservée : pour qu’une structure de l’IAE ait des sorties positives, il lui faut correspondre à une réponse attendue par le secteur marchand. 

 

Correspondre à un besoin d’activité pour les publics décrochés de l’emploi ne conduit malheureusement pas à l’emploi. Il permet tout au plus de proposer un espace de temporisation, un espace d’accueil. C’est la contradiction de ces constats qui a conduit les structures dont c’est la mission à s’établir dans la marge au lieu de s’ancrer dans la demande et d’aller puiser leurs ressources dans la dite marge…  

 

C’est cette même contradiction qui me conduit aujourd’hui à vous proposer mes services.

 

Fort’insJ’Offre puis plus tard Pro’Mess (Hostellerie, restauration) furent des laboratoires qui m’ont permis d’expérimenter, de vérifier et d’éprouver la pertinence et l’efficacité de cette démarche. Il est temps pour moi de m’ouvrir à tous pour que cette approche se développe.

 

La violence contenue dans le mot « insertion » ne se règlera pas avec des parcours jalonnés de bons sentiments. Etre solidaire, aider, prendre par la main, accueillir, tout cela permet de confirmer et de conforter « l’exclu » dans le statut dans lequel il a été conduit.

L’IAE est une étape d’où l’on sort, pas une étape ou l’on s’établit…

 

Il est temps pour moi de poser une première question : Comment faites-vous pour les « pousser » vers la sortie ?

 

 

La perception…

 

Etre en contrat aidé correspond-il à être dans l’emploi ?

 

Les nouvelles modalités de conventionnement nous donnent aujourd’hui une réponse négative à cette question. Être en contrat aidé doit conduire son bénéficiaire à l’emploi. L’IAE devient de fait un lieu où le « bénéficiaire » va rencontrer et se lier à son futur emploi. 

 

Parler de recrutement et d’accueil dans l’IAE devient compliqué, puisque cela induit pour le « bénéficiaire » qu’il accède à l’emploi et qu’il peut par conséquent entamer sa démarche d’intégration dans « l’entreprise ». Difficile pour lui de concevoir qu’il est là pour partir au moment même où on lui ouvre la porte.

 

Cette approche met en lumière un premier bouleversement : si la structure de l’IAE ne peut plus considérer qu’elle recrute et qu’elle accueille, si elle devient lieu de rencontre…, l’identité qu’elle s’est construite (entreprise, atelier, chantier, restaurant…) se réduit au rôle de structure, de passerelle, en somme d’élément dans un parcours…

 

Mon approche extrême de la perception peut faire sourire et il est vrai que je pousse un peu loin le bouchon… 

 

Elle est pourtant construite sur des constats extrêmement simples : 

  • Il est très difficile de faire bouger une personne qui s’installe dans la précarité
  • Il est encore plus difficile de lui faire comprendre quand elle est installée qu’elle n’a pas d’avenir dans la structure qui vient de l’accueillir. 
  • Que son entrée en contrat aidé a déclenché un compte à rebours de 24 mois qui se finira par la disparition de son éligibilité à ce même contrat.
  • Que passé ce délai, elle n’aura d’autre choix que de retourner à la case départ ou d’accéder au secteur marchand…

 

Les objectifs fixés par les nouvelles modalités de conventionnement vont pourtant modifier fondamentalement ces constats. Les structures de l’IAE ne seront plus évaluées sur leur aptitude à accueillir, mais sur leur aptitude à « sortir » leurs bénéficiaires.

 

Les structures qui sauront établir et mettre en œuvre des  parcours courts débouchant sur l’emploi marchand pourront voir leur avenir avec sérénité… Pour les autres ?

 

Ce fait aura lui aussi un effet induit puisqu’il compliquera considérablement pour la structure le rapport à l’auto financement. L’employabilité (dans sa forme production) devenant un des éléments déclencheur de la sortie du « bénéficiaire ».

 

 

Après cette mise en bouche, le chantier lié aux modifications à apporter à la simple notion de perception de l’IAE apparaît comme beaucoup plus clair voir gigantesque…

 

Cette première étape pourrait conduire les structures les plus sociales à ce questionner sur leur place face à de tels bouleversements. Elle me conduit à ouvrir un autre chapitre : L’IAE, de son utilité à son utilisation…

 

 

L’IAE… de son utilité à son utilisation…

 

Dès son origine, l’IAE a eu pour mission la reconquête du secteur marchand par des publics en marge.

Dès son origine l’IAE a été utilisée comme une zone de délestage vers laquelle étaient orientés ces mêmes publics.

 

Aujourd’hui, la distorsion née de ces deux constats est telle que l’IAE elle-même y a perdu son Latin.  Le chapitre sur la perception en est une illustration flagrante.

 

Les nouvelles modalités de conventionnement confirment l’utilité de l’IAE. Elles redéfinissent son utilisation.

 

Une très rapide analyse fait clairement apparaître la distorsion à laquelle les structures de l’IAE vont rapidement devoir faire face.

Depuis leur création, leur pérennité passe par une part parfois non négligeable d’auto financement. Cette part repose sur les effectifs qui aujourd’hui sont le cœur de cible des nouveaux objectifs.

 

Là, c’est la redéfinition des parcours, des compétences transmises, des rythmes qu’il va falloir revoir. Ils devront correspondre aux besoins du secteur marchand pour générer des sorties positives. 

 

Les contraintes de l’auto financement devront être adaptées et transférables. Il faudra établir, lister, disséquer les savoirs faire acquis. Les sanctionner, les verrouiller et les valider. Toutes ces étapes seront nécessaires  à une lisibilité claire par le secteur marchand des savoirs faire réel détenus par les personnes. C’est cette lisibilité qui fera émerger l’attractivité du secteur marchand pour les salariés issue de l’IAE.

 

Ces missions sont bien éloignées du quotidien des permanents des structures de l’IAE. Il faudra les former à ces nouvelles tâches.

 

 

Objectif, résultats…

 

L’obligation de résultat faisant loi, les structures de l’IAE n’auront pas d’autres choix que de se rapprocher du secteur marchand. 

 

(Mon vécu de directeur d’un ACI m’a conduit un jour à déclancher les foudres de tout un CA qui vivait comme une trahison idéaliste les rapprochements que j’opérais en direction d’une émanation du MEDEF… Ce rapprochement fini pourtant par garantir l’intégralité des sorties de l’ACI).

 

 

Les choix possibles pour les structures de l’IAE se résumeront à peu de choses :

  • Pouvoir garantir la pérennité des contrats qu’ils signeront
  • Avoir des liens suffisamment forts et ouverts avec le secteur marchand pour garantir une opportunité de sortie à l’intégralité de leurs « bénéficiaires » à l’issue de leur parcours…

 

Nous avons vu plus haut que l’IAE est née pour permettre à un public en marge de reconquérir sa place au sein de la société. 

 

En observant le positionnement des structures de l’IAE, on constate qu’elles se sont presque toute rapprochées de ce public en se construisant dans la marge.

Elles relèvent toutes et quelle que soit leur activité de l’économie solidaire.

 

  • Leurs activités (Tri, récupération, retape…) n’a que peu de liens ou de points communs avec les savoir faire usités sur le secteur marchand. 

 

  • Leurs activités de service permettent le plus souvent de palier à un déficit ponctuel, géographique ou sectoriel qui n’intéresse pas le secteur marchand par manque de rentabilité. Elles occupent des micros niches peu valorisantes car peu valorisables qui les poussent un peu plus vers l’isolement et qui surtout ne permet pas ou peu la montée en compétence des salariés qui les occupent.

 

  • Seules les structures officiant sur des secteurs clairement identifiés (BTP, restauration…) peuvent tirer leur épingle du jeu. Là, c’est la perception et le fait incontournable qu’elles soient des concurrents (souvent considérés comme déloyaux) qui fait barrage.

 

Que ces missions soient toutes très importantes ne fait aucun doute puisqu’il s’inscrit dans un vide et qu’il est ancré dans la prise de conscience collective qui pousse tout un chacun à valoriser ou recycler…

 

La clé qui conduira les structures de l’IAE à pouvoir construire les passerelles nécessaires à l’accomplissement des leurs objectifs réside en une seule question :

 

Je suis utile à qui ?

 

Nous avons vu qu’elles sont utiles à la collectivité comme à leurs bénéficiaires. 

Sont-elles utiles à une profession ou plus directement à une professionnalisation ?

Il est un adage qui dit que : 

« La plus belle des femmes ne peut donner que ce qu’elle a… ».

 

Utilité ne rime pas avec attractivité… 

 

Les structures de l’IAE apportent pourtant toutes un plus, il est peu être temps pour elles d’exploiter ce plus qui les rendra attractives…

Ma mission de conseil…

 

 

Loin de me couper des réalités du terrain, l’année 2009 m’a permis de rencontrer beaucoup de structures de l’IAE. Le fait de me retrouver demandeur d’emploi en janvier m’a conduit à devoir le faire. 

 

Si dans un premier temps cette recherche très active (ma conseillère pôle emploi confirmera) avait pour seul but de me permettre de rebondir, elle s’’est très rapidement transformée en véritable mission de découverte et d’écoute des attentes de l’IAE à l’échelle nationale.

L’Alsace ne m’offrant que peu de débouchés, il m’était impératif de « ratisser large » pour pouvoir espérer un poste ou j’aurai pu continuer le travail que j’avais entrepris sur mes précédents ACI.

 

Ces rencontres et ces découvertes m’ont profondément convaincu de la détresse et du désarmement des structures face aux nouvelles orientations et modalités de leurs missions.

Elles m’ont également fait comprendre que ces modifications prenaient pour beaucoup le contre pied de l’objet même de ces structures. Elles qui avaient toujours été une réponse à l’exclusion devaient aujourd’hui devenir une solution.

 

Pour moi, qui ai toujours construit les dispositifs que je conduisais à partir des solutions qui m’étaient proposées par le secteur marchand.  Ecouter, entendre et comprendre les discours, les messages des dirigeants de ces structures. Décrypter leurs incompréhensions, parfois leur aigreur, souvent leur dépit fut très révélateur.

 

Moi qui ait toujours fonctionné à contre-pied, j’avais peut être un rôle à jouer, une place à assumer dans cette mue de l’IAE ???

 

C’est fort de cette dernière question que je me lançais dans l’analyse des compétences que j’avais eu à déployer pour construire, conduire et développer les dispositifs que j’évoque dans la genèse de ce document. 

 

Cette plaquette de présentation n’a pas pour vocation de détailler la méthode qui m’a conduit à atteindre 80 % de sorties positives. Sa vocation est de me présenter à vous. 

  • Je sais rendre attractive une structure de l’IAE pour le secteur marchand. 
  • Je sais construire les parcours qui conduisent à l’emploi. 
  • Je sais activer les réseaux qui ouvrent les passerelles.
  • Je sais les méthodes pédagogiques qui permettent aux permanents d’optimiser leurs accompagnements. 
  • Je saurai vous conseiller et vous accompagner dans votre démarche.

 

Un tout dernier détail, les résultats que j’ai obtenus n’ont jamais reposé sur une sélection draconienne des publics qui m’étaient présentés. Là aussi, Pôle Emploi confirmera. Ces résultats ont toujours été le fruit de la motivation des bénéficiaires en parcours et de l’aptitude des permanents à nourrir cette motivation.

 

C’est sans conteste ce fait qui me fait écrire que la distance n’est peut être qu’un prétexte à l’éloignement ?

 

A très bientôt

 

Philippe DRENNTEL.

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