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l’élection crée notre impuissance politique... (pour ceux qui en doutent encore.).

l’élection crée notre impuissance politique... (pour ceux qui en doutent encore.).

Ce billet n'est pas de moi...

L’élection n’est pas un catalyseur mais un inhibiteur de démocratie.

La démocratie est, littéralement, un régime politique qui donne le pouvoir (cratos) au peuple (demos). Il y a un problème majeur de définition du mot « démocratie » aujourd’hui : on nous a pris le terme permettant de désigner le régime que nous n’avons pas mais que nous pourrions souhaiter (l’authentique démocratie). Le terme sert aujourd’hui à désigner le régime actuel, alors que celui-ci devrait s’appeler « gouvernement (prétendument) représentatif ».

Le mot « démocratie » a de plus été vidé de sa substance en étant employé n’importe où (on entend parler de « débat démocratique », de « décision démocratique », d’« élection démocratique »…).

Quelques penseurs rappellent fort à propos ce qu’il faut entendre par démocratie : « Notre Constitution est appelée démocratie parce que le pouvoir est entre les mains non d’une minorité, mais du peuple tout entier. » (citation attribuée par Thucydide à Périclès), « Nous ne vivons pas dans des démocraties. [...] Nous vivons dans des États de Droit oligarchiques, c’est-à-dire dans des États où le pouvoir de l’État est limité par la double reconnaissance de la souveraineté populaire et des libertés individuelles [et rien de plus concrètement]. » (Jacques Rancière), « La démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. » (Abraham Lincoln), « Est démocratique une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêts, et qui se fixe comme modalité d’associer à part égale chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions en vue d’arriver à un arbitrage. » (Paul Ricœur), « La démocratie n’est pas dans l’origine populaire du pouvoir, elle est dans son contrôle. La démocratie, c’est l’exercice du contrôle des gouvernés sur les gouvernants. Non pas une fois tous les cinq ans, ni tous les ans, mais tous les jours. » (Alain). Au regard de telles définitions, notre régime n’est clairement pas une « démocratie ». Nous sommes plutôt dans une oligarchie (car ce sont toujours les mêmes personnes qui nous dirigent : des professionnels de la politique qui correspondent à un milieu social homogène), dans une ploutocratie (car ce sont toujours des gens des classes aisées qui nous dirigent, jamais des pauvres) et dans une aristocratie (seuls ceux qui sont censés être les « meilleurs » pour gouverner, déterminés par l’élection, obtiennent le pouvoir : la direction effective des affaires publiques n’est pas l’affaire de tous les citoyens mais seulement d’une élite).

Au lieu d’« oligarchie », certains parlent aussi de « cratocratie » (le pouvoir de ceux qui ont déjà le pouvoir) pour indiquer que les hommes au pouvoir s’en servent pour le garder (et ce sans être inquiétés par des contre-pouvoirs).

C’est clairement l’élection qui est responsable de cette situation et qui nous éloigne de la politique et du pouvoir : « L’élection […] crée une division du travail politique.

La politique a affaire avec le pouvoir, et la division du travail en politique ne signifie et ne peut signifier rien d’autre que la division entre gouvernants et gouvernés, dominants et dominés. Une démocratie acceptera évidemment la division des tâches politiques, non pas une division du travail politique, à savoir la division fixe et stable de la société politique entre dirigeants et exécutants, l’existence d’une catégorie d’individus, dont le rôle, le métier, l’intérêt, est de diriger les autres. »

 

C. Castoriadis

 

 

 

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